L’industrie pharmaceutique canadienne connaît des changements importants qui entrainent des répercussions inévitables sur les stratégies des compagnies pharmaceutiques, leur organisation et les emplois qu’elles offrent.
Les principaux facteurs sont la banalisation des génériques, l’émergence des nouveaux concurrents (l’Asie peut se targuer dorénavant d’avoir la connaissance et d’offrir des coûts faibles), le contexte de réforme du système de santé ou encore l’expiration de nombreux brevets. Chaque maillon de la chaine du médicament est concerné par cette restructuration qui n’est pas sans conséquence sur le capital humain et les emplois offerts par les entreprises. Pour éviter le déclin, l’industrie pharmaceutique doit se mettre au diapason : alliances profitables, nouveaux métiers, élargissement des compétences des salariés.
La Recherche & Développement dans la pharmacetuique phase fatale
Intégrer davantage la R&D au marketing
On imagine trop souvent les chercheurs dans leur laboratoire, à l’écart des autres départements de l’entreprise. La R&D doit être davantage impliquée dans l’intégralité du processus de fabrication du médicament, notamment avec le marketing. Cette synergie entre R&D et marketing permettrait de développer le chiffre d’affaires. Certains produits issus de la recherche pourraient trouver des débouchés en dehors de la compagnie, de même le marketing pourrait s’appuyer sur des produits complémentaires conçus par une autre firme. Il est donc important que les entreprises concentrent leurs efforts sur des activités à forte valeur ajoutée.
La R&D serait d’autant plus forte et rentable si elle nouait des alliances avec des sociétés de services pour bénéficier de nouvelles techniques, d’un savoir-faire nouveau et ainsi accéder à une médecine plus innovante. Pour mener à bien ces projets complexes, de nouveaux profils apparaissent : manager de projets, gestionnaire et planificateur de sous-traitance ou encore spécialistes brevet et licencing.
Partenariat pour les biopharmaceutiques : une question de survie
Ces entreprises ont la particularité d’être très jeunes et de connaître des taux d’échecs élevés, surtout dans les phases de travaux précliniques (90 %) et de tests cliniques (80 %). Elles vont profiter de nombreux avantages en s’alliant aux entreprises pharmaceutiques : accès au capital risque, au marché des actions, aux capacités de production, à une main-d’œuvre hautement qualifiée et à un réseau de commercialisation plus étendu.
La production : place aux spécialistes
Capital humain expérimenté
L’impact des technologies sur le capital humain est important dans le département production. À titre d’exemple, la rationalisation de l’outil industriel et son automatisation accroît la demande de techniciens et ingénieurs spécialisés en automatisme et métrologie. Il en est de même pour le contrôle qui est exercé par des machines toujours plus innovantes; les laboratoires de contrôle font donc appel à des techniciens maitrisant ces nouvelles méthodes (cyclométrie de flux). Quant au chef de projets, compte tenu de la complexité des projets ingénierie qui intègrent des technologies de plus en plus complexes, il doit avoir une double compétence : pharmacien et ingénieur. Il est important qu’il maîtrise les logiciels de gestion de projets, de workflow pour superviser le travail de tous les collaborateurs.
La sous-traitance : choix stratégique
La sous-traitance n’est plus considérée par l’entreprise pharmaceutique comme une nécessité ponctuelle, en cas de suractivité par exemple, mais comme un véritable choix stratégique. Les firmes y ont recours aux différents stades de production du médicament : développement galénique, fabrication proprement dite, conditionnement ou encore stockage. Ainsi, de nouvelles compétences, de nouveaux métiers apparaissent pour optimiser la sous-traitance : le supply manager va avoir pour rôle d’améliorer les délais, de réduire les coûts et de limiter le stock. Quant à l’expert en supply chain, il va jouer un rôle d’interface entre le marketing, la production, la force de ventes et les clients. Des compétences en achats combinées à une connaissance des métiers de l’industrie pharmaceutique sont fortement souhaitées.
Promotion et marketing : le nerf de la guerre
Le rôle primordial joué par le marketing et la promotion s’intensifie depuis que la période protégée couvrant les frais engagés pour produire se réduit. Ainsi, les compagnies pharmaceutiques sont demandeuses de pharmaciens, médecins ou scientifiques possédant des compétences en marketing – idéalement à l’international –, ayant une vision globale du système de santé et des aptitudes à animer des équipes pluridisciplinaires. L’autonomie et la flexibilité sont aussi un avantage pour pouvoir s’adapter à l’organisation souvent complexe des grands groupes pharmaceutiques.
Si l’industrie pharmaceutique canadienne veut survivre plutôt que subir les changements conjoncturels et structurels, il faut qu’elle s’adapte aux nouvelles donnes en conférant à ses salariés des nouvelles missions, responsabilités et obligations. Reste à eux maintenant de se spécialiser, de se perfectionner pour se démarquer, car un CV intouché depuis cinq ans est presque inconcevable dans l’industrie pharmaceutique.