Fusions-acquisitions dans l’industrie pharmaceutique – L’année 2018 est encore jeune, et de grosses transactions ont déjà été conclues dans le secteur pharmaceutique. Les analystes prévoient d’ailleurs encore plusieurs grandes fusions-acquisitions dans l’industrie pour l’année en cours. Mais en matière d’emploi, quelles sont les conséquences d’une telle consolidation de l’industrie ?
Le géant pharmaceutique français Sanofi a annoncé avoir fait l’acquisition de l’américain Bioverativ le 22 janvier dernier, pour la somme de 11,6 milliards $. Grâce à ce rachat, Sanofi ajoute une corde à son arc en médecine de spécialité, puisque Bioverativ est un leader mondial en matière de traitements contre l’hémophilie, une maladie héréditaire qui affecte la coagulation sanguine.
Acheter la sous-traitance
« Faire des acquisitions dans l’industrie pharmaceutique, c’est une façon de sous-traiter le développement de nouveaux produits, dit Louis Hébert, professeur titulaire au Département de management aux HEC. Plutôt que de le faire en interne, les grandes entreprises vont acheter celles qui font du développement. »
Deux raisons poussent ceux qu’on appelle les « big pharma » à agir ainsi : la recherche et le développement de nouveaux produits sont à la fois coûteux et risqués. « Pourquoi ne pas laisser le risque à quelqu’un d’autre ? Si on voit que ça marche, on achète ! » explique Louis Hébert.
Il restera encore de la place pour les fusions-acquisitions plus « traditionnelles », autrement dit de consolidation, pour réduire les coûts, combiner des compétences et réaliser des économies d’échelle, mentionne l’expert. « Les grandes entreprises pharmaceutiques traditionnelles sont cependant déjà très consolidées », ajoute-t-il.
Perspectives d’emploi limitées
Dans les pays développés, les perspectives de croissance des emplois sont limitées, selon Louis Hébert. « Dans ces pays, les entreprises sont surtout en mode efficience. Il y a donc même plus de risques qu’il y ait des postes coupés », précise-t-il, en donnant en exemple l’ouest de l’île de Montréal.
Les emplois vont plutôt augmenter dans les pays émergents, comme la Chine ou l’Inde. « La croissance aura lieu aussi dans des domaines de niche, et là encore, les équipes de travailleurs ne sont pas bien grandes », mentionne Louis Hébert.
Cette réalité devrait aussi toucher les joueurs en périphérie de l’industrie. « Les distributeurs, par exemple, font aussi partie de l’écosystème pharmaceutique. Ils ont connu de bonnes années, mais les perspectives d’emploi à court terme sont également limitées, car ils sont aussi en recherche d’efficience. »
L’industrie pharmaceutique est donc en pleine phase de maturité, avant l’arrivée de soubresauts majeurs, comme des avancées technologiques, qui pourraient relancer la demande, d’après Louis Hébert.